Organisé aux Pays-Bas et en Belgique, l’Euro 2000 aura consacré l’équipe française, déjà victorieuse du Mondial il y a deux ans, lors d’une finale avec l’Italie, spectaculaire à plus d’un titre. Un doublé historique pour des « Bleus » dont les carrières évoluent au niveau européen.
Un joueur anglais a dit un jour : « Le football est un sport qui se pratique à onze contre onze, et à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent ». C’était il y a quelques années. Une époque où les Bleus ajoutaient des chapitres au roman des perdants magnifiques du sport français. Deux fois, en 1982 puis en 1986, ils s’inclinaient en demi-finale de la Coupe du monde. C’était contre l’Allemagne. Fin juin-début juillet 2000, sur des terrains belges ou néerlandais, onze joueurs espagnols, onze portugais et onze italiens ont certainement pensé très fort que si le football se joue toujours à onze contre onze, à la fin, aujourd’hui, ce sont les Français qui gagnent. Dimanche 25 juin à Bruges (Belgique), France-Espagne : quart de finale du championnat d’Europe des nations. On est dans les arrêts de jeu et l’équipe de France mène 2 à 1, elle est quasiment en demi-finale. Mais l’arbitre siffle un penalty pour les Espagnols ; Raul, le jeune prodige espagnol se charge de le tirer. La tête flanche, le pied tremble, le ballon s’envole. La France est officiellement en demi-finale. Mercredi 28 juin à Bruxelles, voici France-Portugal en demi-finale. Les Bleus n’ont jamais été aussi ballottés depuis le début de la compétition. Pour la première fois, ce ne sont pas eux qui ont ouvert le score. L’attaquant Thierry Henry a égalisé en deuxième mi-temps. Et puis l’équipe de France a poussé. En vain. Il a fallu jouer les prolongations. Au cours desquelles l’arbitre assistant, de sa ligne de touche, signala la main du défenseur Abel Xavier dans la surface. Polémique, discussions, mais penalty quand même ; Zidane le transforme : 2 à 1, la France est en finale !
Dimanche 2 juillet, Rotterdam, enfin France-Italie : finale de l’Euro 2000. L’Italie, que l’on n’attendait peut-être pas à ce stade avant le début de la compétition, a impressionné par son organisation défensive dans ses matchs précédents. Là , elle impressionne tout court. Elle a empêché le milieu de terrain Zinedine Zidane de rayonner sur le jeu. Elle a marqué en début de deuxième mi-temps. Puis elle a défendu. Bec et ongles. Tête et jambes. Et en s’arc-boutant, elle s’approche tout doucement de son premier titre majeur depuis sa victoire lors de la Coupe du monde 1982. L’Italie est à quarante secondes de la victoire. Nous sommes dans les arrêts de jeu quand l’attaquant Sylvain Wiltord égalise sur une passe de David Trezeguet : son ballon est passé entre les jambes de Nesta, sous le bras de Toldo. On jouait la dernière minute. Direction prolongations. A la treizième minute, sur un ballon de Robert Pires, l’attaquant David Trezeguet inscrit le « but en or » qui permet aux Bleus de remporter, deux ans après la Coupe du monde, le championnat d’Europe des nations. Que l’on doive ces buts à des joueurs âgés de vingt-deux à vingt-six ans est la preuve que la relève est assurée dans le football français. Les historiens du foot remarqueront que pour la première fois, l’équipe de France gagne un trophée hors des ses frontières. En effet, seules deux coupes ornaient, jusqu’alors, les étagères bleues : l’Euro 1984 et le Mondial 1998. Les statisticiens diront aussi que la France est la première à réussir le doublé Mondial-Euro dans ce sens. Une autre équipe a remporté les deux épreuves à deux ans d’intervalle, mais d’abord l’Euro, puis la Coupe du monde. C’était… l’Allemagne.